Chants de la mouture

(Page in English)
wom3grinChanter pendant la mouture matinale est un impératif vital sous plusieurs aspects. D’abord en soi, pour le plaisir esthétique et l’accompagnement d’une tâche difficile. Avant tout, les poèmes de la meule sont un chant de travail. Les femmes abordent le chant et la mouture avec le même enthousiasme. L’effort physique collectif en continu, le partage d’un univers poétique et la rotation des meules s’assemblent dans un même mouvement.

Ô seigneur moulin, je me confronte à toi
Je tire sur toi, la pierre, au rythme des chants.

L’oiseau chante pour venir moudre sur le chariot de Râm
Je suis absorbée dans le chant dès les premières heures de l’aube.

Je me donne à la mouture comme un bœuf à la demande
Ma fille sait chanter avec une voix d’or.

Assise au moulin, ma myna* chante des vers
Ma vachère Radha essuie la sueur de son corps.

jate1La joie et la satisfaction produites par le travail se répand dans des chants d’exultation. L’éclat de Sukadev (Vénus), en particulier, provoque une volonté frénétique de s’exprimer en poésie sous l’injonction intime d’un dieu qu’on garde en son cœur. Assise au moulin, il est indispensable de chanter ta joie, dit une femme-meunière à son compagnon, au vu de l’éclat de l’étoile. On sort la voir en même temps qu’on appelle sa voisine pour qu’elle se lève et chante. Une autre s’écrie, exaltée :

Vénus s’est levée, escortée par la lune
Je veux dire à mes amies la joie de ma mère.

(Texte de Guy Poitevin)

(*) La myna (mainate) est une sorte d’étourneau qui, en captivité, peut apprendre à reproduire les sons de la parole.
Voir https://en.wikipedia.org/wiki/Myna


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